Niger
Nous sommes à environ 70 km au Sud-Est de Niamey, la capitale du Niger, sur le Goroubi, un bras du fleuve Niger. Dans ce pays, le Moringa est considéré comme ‘‘l’or vert’‘.
C’est ici que travaille Abdoul-Aziz Mahamadou, promoteur de la ferme Goroubi, comptable-informaticien de formation, qui a tout laissé tomber pour se reconvertir en fermier.
‘‘J’ai décidé de vivre de ma passion. Je suis convaincu que le secteur est un secteur porteur au Niger, parce que nous avons des terres, la disponibilité des terres. Et j’ai décidé d’implémenter un modèle économique qui pour moi, je suis convaincu, est à terme rentable’‘, confie-t-il.
Ce modèle économique se caractérise par une ferme située sur plusieurs sites, où se pratique pratiquent l’élevage, le maraîchage et surtout la production des feuilles de Moringa. L’entrepreneur agricole, anciennement cadre dans une société de téléphonie mobile, nous parle de ses débuts.
Abdoul-Aziz Mahamadou : ‘‘on a commencé avec une superficie de 7.000 m² et au bout de trois ans donc, on a pu atteindre les 5 hectares qu’on a vus. En réalité, les 5 hectares ont nécessité l’acquisition d’un champ et de trois jardins contigus. Donc de 2009 à 2011, ça a été le début, mais on peut dire que la professionnalisation a commencé en 2012. C’est de 2012 à 2014 qu’on a vraiment commencé la phase économique de notre activité.’‘
L’aventure en vue de la création de l’entreprise agricole d’Abdoul-Aziz a commencé en 2006, lorsqu’il acheta ses premiers hectares. Plus tard, en 2012, il contracta un prêt salarié d’environ 10 millions de F CFA (15.000 euros) auprès d’une banque nigérienne.
Aujourd’hui, fort d’une expérience acquise dès son bas-âge et de son investissement personnel dans la production et la commercialisation, la ferme agropastorale Goroubi est une entreprise autonome avec plusieurs emplois permanents créés, 20 non-permanents et 75 indirects.
L’une des spécialités ici est la production des feuilles de Moringa, prisée par les Nigériens pour leur vertu thérapeutique. Aussi complément alimentaire et aliment, il conseillé par les spécialistes de la santé publique.
A la ferme de Goroubi, le Moringa (originaire de l’Inde) est cueilli, séché, pilé et tamisé, pour donner la poudre et le thé de Moringa.
Abdoul-Aziz Mahamadou : ‘‘en fait, c’est pour donner de la valeur ajoutée et en même temps pour faire face à la concurrence qui commence à nous revenir. En fait, nous sommes des producteurs de la matière première (les feuilles de Moringa). Cette matière première est achetée par les clients du Burkina Faso et du Mali, qu’ils transforment en produits et poudres et qu’ils nous ramènent sur le marché local. Nous avons préféré réagir à cette concurrence, puisque nous produisons cette matière première. Nous avons jugé utile de faire cette transformation.’‘
En trois mois d’activités de transformation, le promoteur a pu avoir une quinzaine de points de vente. Des pharmacies, mais aussi des supérettes sont fournies en Moringa. Et le succès auprès de la clientèle est au rendez-vous.
‘‘Pour un début, nous avons accepté la mise en place du produit et vite fait, nous avons remarqué qu’il y a la demande du produit et le produit a été automatiquement accepté par les clients’‘, déclare Aminou Amadou, chargé de la commande dans une pharmacie.
Des perspectives industrielles en vue
‘‘Dès que le client voit ça. Il connaît la valeur du Moringa, il prend, il essaie et il revient. Ça donne très bien’‘, affirme de son côté Abdoul Hazar, gérant d’une supérette.
Pour l’heure, le producteur est à la phase artisanale, mais il compte bien attendre le seuil industriel. Mais désireuse de faire de la transformation du Moringa une activité principale, la ferme Goroubi est à la recherche de potentiels investisseurs. C’est pourquoi, elle a fait appel à un centre d’incubateurs. Le CIPMEN croit au projet et se dit prêt à l’accompagner.
Salissou Mato, du centre d’incubateurs du CIPMEN : ‘‘la ferme Goroubi, c’est une ferme qui produit du Moringa, mais de façon artisanale. Nous l’avons ciblée pour l’aider à structurer sa manière de produire afin d’aller de la phase artisanale à la phase semi-industrielle. Déjà, avec la production artisanale, elle (la ferme Goroubi) place ses produits dans certaines pharmacies, dans certains magasins. Nous allons l’aider dans le domaine commercial. Nous allons la faire profiter du réseau de nos incubateurs. Nous allons aussi l’aider à faire des levées de fonds, à savoir approcher des grands partenaires pour vendre son produit au mieux possible.’‘
Concernant ses perspectives d’avenir, la ferme Goroubi entend produire de l’huile de Moringa et des cosmétiques à base de Moringa. Ce qui constituera une première au Niger, pays dans lequel les populations considèrent plus le Moringa comme complément alimentaire et aliment.
Selon les autorités nigériennes, la culture du Moringa à l‘échelle nationale a réalisé un apport d’un peu plus d’1 milliard 230 millions d’euros au PIB du pays, en 2014.
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